Dimanche de tous les saints
Il est toujours intéressant de regarder l’origine historique des fêtes liturgiques. Celle que nous
célébrons ce dimanche, la fête de tous les saints, aurait été instituée par l’empereur byzantin
Léon IV le Sage (886-912). Si ce dernier eut des démêlés avec l’Église notamment en raison
de ses mariages successifs, il a cependant légué cette fête qui vient clore la période Triode-
Pentecostaire.
Léon le Sage n’a pas inventé cette célébration qui est beaucoup plus ancienne. Attestée dès le
4ème siècle, on en trouve la trace chez saint Jean Chrysostome qui évoque une journée
consacrée à tous les saints dont le grand nombre ne permet pas d’avoir une commémoration
personnelle… Après cela, j’ai vu: et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer,
une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône
et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient
d’une voix forte: «Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau!»
(Ap 7, 9-10)
Mais revenons à l’empereur Léon. Marié par décision de son père à une femme pieuse,
profondément croyante, Théophanô Martinakia, il la délaisse au profit de sa maitresse Zoé
tandis que son épouse se retire dans un monastère pour y mener une vie ascétique qui lui vaut
l’admiration de ses contemporains. À la mort de son épouse, vers 897, il honore sa mémoire
en lui construisant une somptueuse église. Ne pouvant la dédier à Théophanô, il décide alors
de la consacrer à tous les saints de l’univers, unissant ainsi la mémoire de son épouse à celle
de tous les saints. De cette consécration vient la célébration de tous les saints…
Mais l’origine historique ne dit pas toute la richesse de cette fête. Son emplacement dans le
calendrier liturgique est tout aussi intéressant=! Si la tradition occidentale unit la fête des saints
et la commémoration des fidèles défunts, la tradition orientale place la fête de tous les saints à
la fin du temps de Pâques, après la Pentecôte. Cette fête est ainsi présentée comme
l’accomplissement de l’économie divine opérée par la mort et la résurrection du Seigneur. Par
une vie sainte, sous l’action de l’Esprit Saint, le disciple accomplit en lui, ce que le Verbe
Incarné a réalisé en lui-même, parvenant ainsi, unis aux autres croyants, «=à l’unité dans la foi
et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ
dans sa plénitude=» (Eph 4, 13). La sainteté est bien le fruit de l’action de l’Esprit Saint en
l’homme, quand ce dernier le laisse agir en lui, en vivant dans la fidélité à la Parole du
Seigneur. Notons aussi que la réunion de tous les saints dans une même mémoire, même si ils
sont par ailleurs commémorés individuellement, souligne l’union de tous dans le Christ, leur
même participation à la sainteté qui réside dans le Christ.
En conclusion, je voudrais souligner deux points qui me semblent importants pour nous… La
sainteté est d’abord un don de Dieu par son Esprit qui infuse en nous la vie divine. Elle est
collaboration de l’Esprit et de notre liberté qui se laisse embraser dans le feu de l’amour divin.
Mais ce chemin de sainteté n’est pas un chemin individuel. Je ne peux devenir saint dans un
total isolement. C’est un chemin communautaire qui ne peut être vécu en dehors de la
communion avec les autres disciples du Christ parce qu’il est participation à l’unique sainteté
du Christ.
Alors prions pour notre communauté : qu’elle soit le lieu où chacun de nous s’épanouit dans
la sainteté du Seigneur !
Père Nicolas Courtois.