Notre paroisse a accueilli Kyr Hlib (Lonchyna)
Le dimanche de l’Unité des chrétiens 2021, qui tombait cette année le 24 janvier, a pris pour notre communauté paroissiale une dimension particulière. Répondant à une invitation du père Emmanuel, notre recteur, de visiter notre paroisse et d’y célébrer la Liturgie, Kyr (l’équivalent ukrainien de monseigneur) Hlib (Lonchyna) a choisi de venir à Lyon en cette semaine de prière pour l’Unité des chrétiens. Kyr Hlib est administrateur apostolique de l’éparchie (nom oriental d’un diocèse) Saint-Vladimir-le-Grand-de-Paris des Ukrainiens grecs-catholiques de France, du Benelux et de la Suisse depuis la nomination de Kyr Borys (Gudziak) comme métropolite des grecs-catholiques ukrainiens à Philadelphie (USA). Rappelons que Kyr Borys avait participé en 2016 à la consécration de notre église après les travaux importants dont elle avait fait l’objet. Enfin certains se souviennent que, le 20 octobre 1991, la liturgie d’inauguration de notre actuel lieu de culte, après son départ du 5 rue Auguste-Comte, avait été concélébrée par Mgr Anargyros (Printesis), exarque à Athènes, et Kyr Michel (Hrynchyschyn), le prédécesseur de Kyr Borys à Paris.
L’une des raisons pour lesquelles Kyr Hlib tenait à venir à Lyon était que Olga Vokh, laïque ukrainienne engagée au service de l’éparchie ukrainienne de Paris et qui est venue à plusieurs reprises dans notre paroisse, avait préparé et mené à bien la publication en ukrainien d’un livre « Prière et unité des chrétiens. Testament œcuménique » réunissant des textes, dont le Testament œcuménique de l’abbé Paul Couturier. Paul Couturier, prêtre lyonnais aujourd’hui connu dans le monde entier, avait lancé chez les catholiques la semaine de prières pour l’Unité. Il avait participé en 1932 à la création de la « chapelle slave » du 5 de la rue Auguste-Comte, l’origine de notre paroisse. Le livre en ukrainien vient d’être publié à Kiev par les éditions « L’Esprit et la Lettre » qui sont dirigées par Constantin Sigov, philosophe de confession orthodoxe.
En ces temps de pandémie, notre communauté, malgré sa taille modeste, ne pouvait pas se réunir au complet pour accueillir son illustre hôte. Comme chaque samedi après-midi de cette période de couvre-feu, une liturgie dominicale avait été célébrée pour les paroissiens qui se sont « dévoués » ainsi pour permettre à ceux qui allaient venir le lendemain de respecter la « distanciation sociale » recommandée par les autorités sanitaires.
Dès son arrivée, Kyr Hlib était accueilli par Thomas Bourgeois, président de l’association de la paroisse, et recevait en signe de bienvenue le pain et le sel présentés par Matthias. Après les honneurs liturgiques dus à son rang, Kyr Hlib revêtait ses ornements et la liturgie pouvait commencer avec ses particularités pontificales dont les impressionnantes bénédictions avec un chandelier de trois cierges dans la main droite du pontife et l’autre de deux cierges dans sa main gauche. Jérôme, Isaac et Marc ont assumé avec diligence le service d’acolytes. Si l’essentiel de la célébration s’est déroulé en français, on a pu entendre du slavon, de l’ukrainien, du grec et même de l’anglais.
Le chœur de François Gineste a assuré son service avec son efficacité habituelle à faciliter la prière de chacun et de faire avec l’assemblée une symphonie à la fois harmonieuse et priante.
Après les lectures (2Tm 3,10-15 et Lc 18,10-14), Kyr Hlib a donné son homélie (lire le texte intégral par ailleurs) en nous invitant à apprendre à prier et nous rappelant que le meilleur enseignant pour cela est l’Ecriture sainte. Un peu plus loin l’évêque nous a mis en garde, s’appuyant sur la parabole du Pharisien et du Publicain qui venait d’être lue : « nous ne devons pas utiliser la prière pour juger nos voisins en montrant notre supériorité ». Et, en cette semaine de prières pour l’Unité, de nous interroger : « Ne sommes-nous pas, nous-mêmes, parfois tentés de nous considérer supérieurs à notre prochain à titre personnel, mais aussi à d’autres communautés, d’autres confessions chrétiennes ? » D’où l’invitation à chercher « pendant le carême que nous débuterons bientôt, à apprendre à prier dans la vérité, dans l’humilité et dans la charité envers chacun. »
La sainte et divine liturgie s’est poursuivie avec le rajout, après la litanie triple, de la prière pour l’Unité du père Paul Couturier, que l’évêque a lue à haute voix. En voici le texte :
Seigneur Jésus, qui à la veille de mourir pour nous, as prié pour que tous tes disciples soient parfaitement un, comme toi en ton Père, et ton Père en toi,
Fais-nous ressentir douloureusement l’infidélité de notre désunion.
Donne-nous la loyauté de reconnaître et le courage de rejeter ce qui se cache en nous d’indifférence, de méfiance, et même d’hostilité mutuelle.
Accorde-nous de nous rencontrer tous en toi, afin que, de nos âmes et de nos lèvres, monte incessamment ta prière pour l’unité des chrétiens, telle que tu la veux, par les moyens que tu veux.
En toi, qui es la charité parfaite, fais-nous trouver la voie qui conduit à l’unité, dans l’obéissance à ton amour et à ta vérité.
A la fin de la cérémonie, le père Emmanuel a remercié Kyr Hlib pour sa présence parmi nous. Il lui a remis en présent deux livres, en l’occurrence la « Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie et de Phrygie » et la vie de saint Irénée en bande dessinée, une forme d’invitation à revenir à Lyon… Les souhaits de longues années ont alors résonné, adressés à notre hôte mais également à tous les paroissiens.
Le père Emmanuel a accueilli ensuite Kyr Hlib à déjeuner au Foyer oriental avant de l’accompagner au Grand Temple pour écouter une conférence de Sandrine Caneri, orthodoxe, sur « Saint Irénée, un ancien si moderne ». Suivait la célébration commune des chrétiens de Lyon sous l’égide du Comité des responsables des Eglises à Lyon, une première pour Mgr Olivier de Germay, le nouvel archevêque, qui en a profité pour dire son intérêt pour l’œcuménisme. La dispersion après la cérémonie fut rapide pour que chacun puisse rentrer pour 18 heures, l’heure du couvre-feu.
Diacre Michel
25 janvier 2021